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Les Fondamentaux sur l'eau

Pourquoi s'intéresser à l'eau ?

L'eau est l'élément indispensable au développement et au maintient de la vie et des activités humaines. En effet, de tout temps, l'Homme à fait usage de l'eau, celle-ci ayant permis le développement de nombreuses sociétés humaines, comme l'atteste l'implantation proche des cours d'eau de la très grande majorité des centres urbains. Ses usages se sont d'ailleurs intensifiés et les volumes d'eau utilisés par l'homme ont décuplé depuis le début du XXe siècle.

Ainsi, même si la Terre dispose d'environ 1,4 Milliards de km3 d'eau, 97,3% de celle-ci permet de remplir nos mers et nos océans. Hors, l'eau salée n'est pas directement utilisable par l'Homme, aussi bien pour sa propre consommation que pour les consommations de ses activités. En revanche, les mers et les océans sont des réserves gigantesques de biodiversité et les courants marins régissent en partie notre climat. C'est en cela qu'ils sont essentiel à l'équilibre permettant le maintient de la vie sur Terre, et que la préservation de leur état est aujourd'hui un enjeu majeur.

Par ailleurs, 2,1% de l'eau douce sur Terre se trouve sous forme de glace, qui ne peut être exploitée directement par l'Homme. Toutefois, cette forme physique de l'eau apporte une richesse des milieux, et permet dans une certaine mesure de maintenir un niveau stable des océans.

Ce sont donc seulement 0,6% de l'eau présente sur Terre qui se trouve sous forme d'eau douce liquide, soit près de 8,4 millions de km3. Toutefois, l'homme n'a pas accès à l'intégralité de cette eau douce. En effet la grande majorité (plus de 99,9%) se trouve sous terre, dans des aquifères1, auxquels l'Homme n'a pas toujours accès. Ce n'est donc qu'une infime partie de l'eau douce que l'on peut observer dans nos lacs et rivières, qui restent pourtant essentiels au développement de la biodiversité, et à l'équilibre du cycle de l'eau.

Il faut bien sûr savoir que cette eau dont nous parlons, est sans cesse en mouvement, que celle qui tombe du ciel sous forme de neige, de grêle ou de pluie, se retrouve ensuite sous terre où elle migre pour alimenter les lacs, les rivières et les fleuves, qui alimentent ensuite nos mers et nos océans.

Le cycle de l'eau
Figure 1 : Le cycle de l'eau et les sources de pollution.

Bien que sans cesse en mouvement, l'eau est très inégalement répartie dans le monde. Par exemple, le Brésil dispose de 8 233 km3 d'eau douce par an (avec l'Amazone), quand le Koweït, lui, n'en dispose que de 0,02 km3. Mais c'est aussi à des échelles plus restreintes, que la répartition peut s'avérer largement inégale. C'est par exemple le cas de l'Australie qui en 2010 a été simultanément victime d'incendies dus à une sécheresse prolongée dans l'Ouest, et d'inondations démesurées dans l'Est du pays.

Outre le manque d'eau dans certaines régions, il y a aussi les problèmes de qualité de l'eau. Ainsi, même si de l'eau se trouve être disponible à la consommation, celle-ci peut s'avérer polluée et donc être impropre à la consommation. Ce sont d'ailleurs chaque année plus de 2 millions de personnes qui meurent suite à des maladies causées par une eau impropre à la consommation2, généralement polluée en raison de l'absence de sanitaires, qui par infiltration, favorise la pollution microbiologique.

Toutefois, les origines de pollution de l'eau sont nombreuses et touchent de très nombreux pays, y compris la France. Parmi ces pollutions, on retrouve celles causées par les engrais, par les pesticides, mais aussi par tout autre rejets industriels causant des pollutions thermiques, métalliques ou encore acides.

Pour conclure, il est important de rappeler que la demande mondiale en eau ne va cesser d'augmenter dans les années à venir, et outre le fait que toutes les populations n'ont pas un égal accès à l'eau douce, plusieurs facteurs tendent à réduire les disponibilités en eau : la mauvaise gestion, le gaspillage, et la pollution des réserves3. Pour toutes ces raisons, il est important que tout à chacun prenne conscience de l'importance de cette ressource aujourd'hui menacée.


1 Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l'eau mobilisable, constituée de roches perméables et capable de la restituer naturellement et/ou par exploitation.
2 Hoekstra, A.Y. and Chapagain, A.K. (2008) Globalization of water: Sharing the planet's freshwater resources, Blackwell Publishing, Oxford, UK
3 Dossier sur l'eau du CNRS

Pourquoi les ressources d'eau douce, pourtant sans cesse renouvelées, sont-elles menacées ?

Depuis sa création, la planète a toujours comporté la même quantité d'eau. Celle-ci se trouve sous trois formes : liquide, solide ou gazeuse, bien que la grande majorité soit sous forme liquide. Aussi, en fonction des saisons et des années, le cycle de l'eau, implique des transferts incessants d'importantes masses d'eau se produisant entre les différents réservoirs de la planète. Mais cette notion de cycle peut s'avérer trompeur, dans la mesure où les phénomènes de transferts ne sont pas aussi simples qu'ils n'y paraissent. En effet, toutes les ressources d'eau douce ne participent pas en permanence au cycle de renouvellement. En effet, selon les types de réservoirs, une molécule d'eau va transiter plus où moins rapidement. Par exemple, elle restera en moyenne 2500 ans dans un océan alors qu'elle ne restera qu'un an dans un lac (17 ans pour les grands lacs).

L'eau qui intéresse particulièrement l'Homme, pour sa consommation, mais aussi pour ses activités industrielles est l'eau souterraine. Aussi, celle-ci se trouve dans des réservoirs appelés aquifères, qui ne sont autres que des roches plus ou moins poreuses, qui ainsi agissent comme des éponges, et stockent de l'eau. Ces ressources d'eau douce se remplissent principalement grâce aux eaux de surfaces qui s'infiltrent dans les sols. Pour ces raisons, leur renouvellement en eau peut s'avérer plus ou moins rapide, en fonction du type de sol, allant de quelques jours/semaines pour les sols les plus poreux, à quelques années voir dizaines d'années pour des réservoirs moins poreux (roches sédimentaires) qui sont d'ailleurs les plus répandus. Toutefois, l'Homme exploite de nombreuses ressources d'eau douce situées bien plus en profondeurs, qui n'ont que peu de lien avec la surface et peuvent ainsi mettre plusieurs centaines, voir milliers d'années avant d'être renouvelées.

C'est donc principalement pour cette raison de renouvellement parfois très lent, que de nombreuses réserves d'eau souterraines sont aujourd'hui menacées. En effet, l'Homme puise l'eau en trop grande quantité, ce qui fait que les réservoirs trop peu alimentés, se vident. C'est donc dans ce cas une mauvaise gestion de l'eau, mais surtout une surconsommation qui menace nos ressources d'eau douce.

Enfin, nos ressources sont aussi menacées par de nombreuses pollutions qui même si elles ne changent rien à la disponibilité de l'eau, peuvent la rendre impropre à toute utilisation. Il faudra parfois attendre des centaines, voir des milliers d'années avant que cette pollution ne s'estompe, des durées bien trop longues pour pérenniser notre usage de l'eau.

En quoi mon mode de vie impacte-t-il les ressources en eau ?

On a souvent tendance à penser que la consommation d'eau d'un individu est uniquement liée aux quantités qu'il utilise pour son hygiène, pour laver son linge, sa vaisselle, ou encore sa voiture, ou même pour se désaltérer. Pourtant, une grande partie de la consommation d'un individu s'avère être indirecte, et se traduit à travers tout autre type de consommation. En effet, la production des aliments, mais aussi de tout autre bien de consommation, nécessite l'utilisation d'eau.

Ainsi, l'agriculture représente 70% de la consommation d'eau mondiale, l'industrie pèse environ 20% et la consommation domestique, les 10% restants. Toutefois, il faut bien avoir en tête que la qualité des eaux utilisées par ces différents acteurs est différente. En effet, les eaux d'irrigation des champs, ou celles utilisées dans les industries ne sont que rarement des eaux dites « potables » au sens des critères de potabilité établi par la communauté internationales.

Ainsi, à travers toute consommation de biens, qu'ils soient alimentaires ou non, nous agissons sur les ressources en eau de toute la planète. D'une part, sur les quantités puisées, d'autre part sur la pollution de ces ressources. En effet, la production de biens alimentaires ou non impliquent généralement l'utilisation de produits chimiques qui se répandent alors dans l‘environnement. Ainsi, les sites de productions se trouvant répartis sur l'ensemble de la planète, c'est à une échelle mondiale, que nous intervenons indirectement sur la pollution de l'eau.

Que puis-je faire pour réduire mon empreinte H2O ?

Tout d'abord il est important d'agir sur les consommations directes du domicile. Par exemple avec l'installation de mousseurs-aérateurs en sortie des robinets, ou encore en évitant de laisser couler l'eau lorsque l'on se brosse les dents. Par ailleurs, il est essentiel de ne pas vider dans l'évier des restes de médicaments, de peinture, ou de tout autre liquide non prévu à cet effet (white spirit, vernis...). Il y a aussi possibilité de réduire la pollution de l'eau par l'utilisation de produit d'entretien labellisés « écolabel européen », tels que le liquide-vaisselle les produits pour le sol, les vitres, ou tout autre nettoyant multi-surface.

L'empreinte H2O liée aux consommations indirectes est généralement supérieure à celle des consommations directe. Il est donc essentiel de la réduire, et pour cela, il y a deux options différentes. D'une part on peut substituer les produits ayant un fort impact sur l'eau part des produits de plus faible impact. Par exemple, manger moins de viande et plus de légumes, boire du thé à la place du café, ou encore porter des vêtements synthétiques à la place de vêtement en coton. Cependant, il peut s'avérer difficile de modifier radicalement ses consommations, de dire non à son café ou à ses vêtements en coton. Pour cela, il peut être intéressant de s'orienter vers la seconde option, qui consiste à sélectionner ses produits. Par exemple, prendre du boeuf, du café ou encore du coton ayant un impact plus faible, pour cela, en règle générale, les labels sont de bons indicateurs (par exemple le label rouge pour la viande). On peut aussi s'orienter vers des produits utilisant des circuits de distribution courts (vente directe chez le producteur, ou produits locaux).

L'Empreinte H2O, C'est quoi ?

Que mesure la version individu de l'outil « Empreinte H20 » accessible en ligne et destinée au grand public ?

L'empreinte H2O, est d'une part, une estimation des quantités d'eau que nécessite le mode de vie d'un individu, aussi bien en termes de consommation directe qu'indirecte. Par indirecte, il est entendu l'eau nécessaire à la production de son alimentation, mais aussi de ses textiles/habits ou encore de ses équipements électroniques.

D'autre part, l'empreinte H2O, permet aussi d'estimer l'impact en termes de pollution, que peuvent impliquer indirectement nos choix de consommation. Ces impacts concernent aussi bien les produits chimiques et les engrais utilisés pour cultiver nos propres aliments et ceux des animaux que nous consommons que les émissions de substances polluantes induites par la production de nos textiles et équipements informatiques. Ces pollutions sont ensuite traduites en termes d'écotoxicité et d'eutrophisation avant de vous être communiquées.

Pour plus de détails concernant ces indicateurs, vous pouvez vous référer à la question « Que signifient les impacts sur l'eau ? Comment sont-ils mesurés ?».

Dans l'estimation réalisée par l'outil « Empreinte H2O », toutes nos activités ne sont pas prises en compte. Toutefois, celles qui le sont, font partie des principaux postes de consommation, à savoir, l'alimentation, l'eau du domicile, les textiles et les équipements électroniques. De plus, l'outil est amené à être complété dans de futures versions.

Pour plus d'information sur ces aspects, vous pouvez vous référer aux questions sur les limites de l'outil et sur son évolution future.

Comment est effectuée l'estimation de votre empreinte H2O ?

Comment est effectuée l'estimation de votre empreinte H<sub><small>2</small></sub>O ?
Figure 2 : Schéma de fonctionnement de l'outil « Empreinte H2O – version individu ».

L'Empreinte H2O est un hybride entre Analyse de cycle de vie et « Water Footprint » : il doit permettre de quantifier non seulement les différentes pollutions, mais aussi la pression exercée sur les ressources en eau en prenant en compte le même périmètre d'étude.

Pour cela, une base de donnée spécifique à l'empreinte H2O a été crée. En ce qui concerne les consommations d'eau douce, les bases de données principalement utilisées sont celles du Global Water Footprint Standard établies sur la période 1997-2001. Aussi, de nouvelles bases de données récemment publiées devraient permettre de mettre à jour l'outil prochainement. En ce qui concerne les impacts d'eutrophisation et d'écotoxicité, leurs modélisations ont été réalisées avec le logiciel SimaPro, en utilisant très majoritairement la base de données Ecoinvent v2.2.

Lorsque les données n'étaient pas disponibles dans ces bases, elles ont été créées, soit à partir de la littérature, soit en compilant plusieurs données. En effet, à partir de données de base, comme le blé, ou le coton, nous avons créé des données plus complexes, telles que le pain et le tee-shirt. De même, à partir d'aliments de base, nous avons pu créer des plats plus complexes dans la catégorie alimentation.

Note : pour plus de détails concernant l'utilisation de ces bases de données, se reporter aux deux questions suivantes.

Enfin, il nous a fallut établir le scénario d'une journée type pour un individu (enfant/adulte), dans le but de créer un questionnaire cohérent, et dont les réponses proposées puissent être interprétées grâce à la base de données H2O, spécifiquement créée pour l'outil « Empreinte H2O ».

Comment sont mesurées les quantités d'eau consommées?

Globalement, pour les produits provenant de l'agriculture et pour les textiles, les quantités d'eau utilisées qui sont estimées, proviennent directement des bases de données du Global Water Footprint Standard (Water footprint and virtual water) établies sur la période 1997-2001. En ce qui concerne les consommations du domicile, celle-ci sont basées sur des estimations proches de la réalité, faites à partir du temps d'utilisation et du débit d'eau correspondant.

Initiée par le professeur Arjen Y. Hoekstra, la démarche du Water Footprint (littéralement « empreinte eau ») est une mesure de l'utilisation d'eau directe et indirecte. Ainsi, l'empreinte eau d'un produit, d'une activité ou d'une population correspond au volume total d'eau douce utilisée, de manière directe et indirecte, pour la production et la consommation des biens et services. Ainsi, trois types d'eau sont considérées afin d'évaluer l'ensemble de l'eau utilisée :

Eau de production = Eau gris + Eau bleue + Eau verte
  • Eau verte : Il s'agit de l'eau de pluie qui ne ruisselle pas, et ne permet donc pas de recharger les sources souterraines (aquifères). Elle est soit stockée dans le sol (et non le sous-sol), soit à sa surface. Elle est en fait utilisée par les végétaux, et correspond donc aux quantités évaporées notamment par les surfaces cultivées.
  • Eau bleue : Il s'agit des eaux douces de surfaces et celles souterraines, autrement dit, de l'eau douce contenue dans les lacs, les rivières et les aquifères (nappes phréatiques). C'est en fait la grande majorité de l'eau puisée par l'homme pour ses besoins de production et de consommation directe.
  • Eau grise : Il s'agit de l'eau nécessaire à la dilution des polluants afin d'obtenir de l'eau douce dont les concentrations de polluant n'excèdent pas les concentrations naturelles, ou encore les concentrations définies par les normes de qualité de l'eau.

Ainsi, les bases de données qui ont été utilisées, informent sur le volume d'eau utilisé pour produire divers types de produits de consommation courante. Aussi, celui-ci dépend parfois largement de l'emplacement géographique considéré. Nous avons donc utilisé les données correspondant à la France dès lors qu'elles étaient disponibles. Par exemple : pour produire 1kg de boeuf en France, il faut environ 12000 litres d'eau douce4 . Puis, dans d'autres cas, nous avons dû nous orienter vers des moyennes mondiales. Par exemple : pour produire 1kg de plastique (PE) il faut 13,7 litres d'eau douce5. Aussi, les moyennes mondiales peuvent s'avérées pertinentes dans la mesure où certains biens ne sont pas produits en France.

Pour aller plus loin sur les bases de données du Water Footprint, se référer au guide 2011, en anglais

Enfin, régulièrement, de nouvelles bases de données paraissent. Notamment celles du Water Footprint, qui sont de plus en plus étoffées, et précisent notamment l'impact en fonction de nombreux emplacements géographiques (échelle régionale). Cela devrait permettre, de compléter notre propre base de données, et ainsi de faire évoluer l'outil, qui donnera alors des informations de plus en plus précises et complètes.

Pour plus de détails, voir les questions sur les limites de l'outil et sur son évolution future.


4 Hoekstra, A.Y. and Chapagain, A.K. (2008) Globalization of water: Sharing the planet's freshwater resources, Blackwell Publishing, Oxford, UK.
5 Stylianos Katsoufis, Cradle-to-Gate Water Footprint Analysis of Borealis Group Polyolefin Value Chain, Master of Science Thesis Stockholm, September 2009

Que signifient les impacts sur l'eau ? Comment sont-ils mesurés ?

L'eutrophisation

L'eutrophisation est une forme singulière mais naturelle de pollution de certains milieux aquatiques qui se produit lorsque ceux-ci reçoit trop de matières nutritives. En effet, avec l'augmentation des nutriments, les algues prolifèrent en surface (car elles ont aussi besoin de lumière). Ainsi, lorsque l'apport de nutriments est trop élevé, les algues se retrouvent en quantité excessive. Puis, lorsqu'elles meurent, elles tombent au fond de l'eau, et augmentent alors la matière organique présente dans l'eau. C'est alors au tour des bactéries, qui se nourrissent de ces algues mortes, d'avoir un excès de « nourritures », qui leur permet de proliférer. Cependant, pour se nourrir et se reproduire, ces bactéries consomment de l'oxygène (elles sont dites aérobies). Ainsi, plus elles prolifèrent, plus l'oxygène disponible dans l'eau diminue. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle, les phénomènes d'eutrophisation se produisent principalement dans les milieux où l'eau est peu agitée ou renouvelée, tels que les lacs profonds. Enfin, en raison du manque d'oxygène, la vie disparaît et la matière organique s'accumule, remplaçant alors l'eau limpide par de la boue. On parle alors d'un lac qui vieillit, devenant petit à petit un marais, puis une prairie, puis éventuellement une forêt.

Ce phénomène est initialement tout à fait naturel. En effet, les matières nutritives qui nourrissent les algues à l'origine de l'eutrophisation, ne sont autres que le phosphore et l'azote. Or ceux-ci sont naturellement apportés dans les milieux aquatiques par les torrents et les eaux de ruissellement, mais initialement dans des quantités si faible, que le phénomène d'eutrophisation se réalise sur des centaines voir des milliers d'années. Mais aujourd'hui, de nombreuses activités humaines génèrent des phosphates, qui contiennent le phosphore, mais aussi de l'ammonium, des nitrates et nitrites qui contiennent de l'azote. Outre les activités industrielles, ce sont principalement les activités agricoles qui génèrent ce type d'effluent en raison des utilisations d'engrais (Aussi appelé NPK pour Nitrates, Phosphates, Potassium(K)). Dès lors, les quantités de nutriments charriées par les torrents et les eaux de ruissellement sont dans des proportions bien supérieures, et ainsi, le phénomène d'eutrophisation peut conduire à la mort d'un écosystème aquatique en quelques décennies, voir même en quelques années.

Enfin, comme vous avez pu le constater, lors du calcul de votre empreinte H2O, deux résultats différents apparaissent quant à l'impact d'eutrophisation. En effet, il est important de rappeler que l'eutrophisation n'impacte pas uniquement l'eau douce (lacs, rivières...), mais peut aussi impacter les milieux d'eau salée (estuaires, baies...). La seule différence, est que dans l'eau salée, c'est principalement le phosphore qui nourrit les algues, alors que dans l'eau salée, c'est l'azote.

Pour cette raison, le logiciel utilisé pour mesurer ces impacts différencie bien les deux. Par ailleurs, le phosphore et l'azote, ne sont pas les seuls éléments qui soient responsables des phénomènes d'eutrophisation. Le logiciel, permet donc d'estimer à combien de grammes de ces deux substances sont équivalentes chacune des autres substances agissant sur l'eutrophisation. Ce qui lui permet finalement de retransmettre un résultat unique en gramme équivalent, soit de phosphore, pour l'eau douce, soit d'azote, pour l'eau salée donnant ainsi une idée générale sur l'impact d'eutrophisation de chacun des deux milieux.

Ecotoxicité aquatique

Cet indicateur reflète les émissions de substances toxiques présentant un risque potentiel pour la faune et la flore aquatique. En effet, de nombreuses substances utilisées pour produire nos biens et nos services sont toxiques pour les animaux et les plantes des milieux aquatiques.

Une substance toxique est un produit naturel ou de synthèse qui entraîne des effets nocifs sur les êtres-vivants (plantes, animaux, humains) et leur équilibre naturel. La nocivité dépend à la fois de la nature du produit et de sa concentration dans le milieu. Un produit toxique peut entraîner des difficultés fonctionnelles pour un organisme (difficultés respiratoires, difficultés de la reproduction, mutations...) et peut aller jusqu'à entraîner la mort.

On connaît aujourd'hui de mieux en mieux l'impact de chacune de ces substances. C'est d'ailleurs le rôle des écotoxicologues, qui dans leur travail, prennent en compte les impacts des produits toxiques sur l'ensemble des écosystèmes touchés. Il leur faut donc bien connaître les parcours des produits chimiques qui se déplacent, subissent des transformations puis se stockent dans les différents milieux (eau, air, sol, vivant), afin de connaître leurs impacts sur l'environnement. C'est donc grâce à leurs travaux d'analyse que l'on peut ensuite évaluer les impacts des activités humaines sur l'eau douce ou l'eau salée. On connaît alors l'impact de chaque substance en fonction de sa concentration dans le milieu. Cependant, elles sont tellement nombreuses (avec plus de 100 000 substances chimiques de synthèses commercialisées) qu'il ne serait pas très évident d'interpréter un quelconque impact global à partir de la masse de chacune. Pour cette raison, le logiciel qui a été utilisé pour créer notre base de travail, permet de ramener la masse de chacune de ces substances à une masse équivalente d'une seule substance toxique, le Dichlorobenzène (1,4 Db).

Par exemple, l'impact de la production de 1 kg de mercure est très toxique (notamment en eau salée), et correspond en eau douce à la toxicité de 1,86 kg de Dichlorobenzène, et à celle de 11 600 kg de Dichlorobenzène en eau salée.

Comme on peut le constater à travers cet exemple, l'impact selon le milieu (eau douce ou salée) n'étant pas identique, même pour une unique substance, il est important de bien différencier les deux.

Base de données utilisée et méthode de calcul

Les impacts de pollution de l'eau ont été mesurés selon une démarche d'analyse de cycle de vie (ACV). Ainsi, ils concernent l'extraction des matières premières nécessaires à la fabrication du produit consommé, les procédés de fabrication, le transport du produit, et enfin les éventuelles consommations nécessaires lors de l'utilisation du produit. Il faut savoir qu'une démarche ACV, doit aussi comprendre la fin de vie du produit, avec les procédés de recyclage, de traitement, d'incinération, ou encore d'enfouissement. Cependant, dans la version actuelle de l'outil, aucune fin de vie n'a été modélisée afin de rester cohérent avec le périmètre de la base de données Water Footpint, qui n'intègre pas les consommations d'eau nécessaires aux traitements des produits en fin de vie (plus de détails dans les questions sur les limites de l'outil et son évolution future).

Ainsi, avant d'être intégrés à notre base de données, les impacts de pollution de l'eau ont été modélisés à partie du logiciel SimaPro, avec lequel nous avons utilisé principalement la base de données Ecoinvent v2.2, ainsi que la méthode de calcul RECIPE. Le choix de cette méthode est le fruit d'un consensus entre différents laboratoires et acteurs de l'Analyse de Cycle de Vie (ACV). RECIPE permet d'obtenir des résultats sur les causes (midpoint) ou encore sur les conséquences (end point). Pour la création de notre base de données, ce sont les résultats midpoint de cette méthode qui ont étés retenus (pour plus de détails sur cette méthode de calcul, visitez le site lcia-recipe.net)

De quelle manière sont interprétés les résultats ?

Utilisation d'eau douce

L'utilisation d'eau est initialement obtenue en mètres cube. Afin de permettre de donner un ordre de grandeur, mais surtout de visualiser à quoi correspondent ces quantités généralement très élevées, les consommations d'eau sont ramenées à un nombre de bouteilles d'eau par jour, puis à un nombre de piscine par an.

Eutrophisation

La notion d'eutrophisation, bien qu'explicitée dans cette FAQ, est une notion pas toujours facile à percevoir. En effet, les unités utilisées pour caractériser l'eutrophisation est le gramme équivalent phosphore (g P éq.) pour l'eau douce, et le gramme équivalent azote (g N éq.) pour l'eau salée. Aussi, afin de traduire un résultat plus graphique, et donc plus parlant, nous nous sommes référés au système d'évaluation de la qualité de l'eau (SEQ Eau), développé par les agences de l'eau. Celui-ci nous a permis de transcrire nos résultats de gramme équivalent (Azote ou Phosphore) en une échelle de couleur, plus « parlante ».

Pour plus d'info sur ce système d'évaluation : Pour l'azote, pour le phosphore

Ecotoxicité

Il nous a été difficile pour le moment de trouver un moyen de retranscrire de façon plus visuelle cet impact qu'est l'écotoxicité. Ainsi, l'impact d'écotoxicité est mesuré en gramme équivalent dichlorobenzène (g 1,4Db éq.) (Pour plus d'infos sur ce que représente cette notion, se référer à la question précédente).

Toutefois, il peut être intéressant dans un premier temps d'effectuer une simple comparaison des résultats avec ceux de d'autres personnes, tout en sachant, que plus la masse équivalente de dichlorobenzène est élevée, plus l'impact sur l'eau est important.

Quelles sont les limites de l'outil « empreinte H2O » ?

La disponibilité des données (ACV ou Water Footprint) a fortement contraint la complétude de la BdD. Pour cette première version, 4 catégories ont étés conservées (alimentation, eau domicile, textile, équipement). Au final, plus de 150 données composent la BdD H2O dont certaines ont du être entièrement construites ou reconstruites à partir de la bibliographie scientifique et/ou technique.

Dans les quatre catégories retenues pour la mesure de l'empreinte H2O, tout n'a pas pu être pris en compte. Ce qui l'est ou ne l'est pas est précisé dans les questions suivantes. Pour l'instant, aucun scénario de fin de vie n'a été modélisé, c'est un manque important qui sera comblé par la suite. Cependant, il est important de rappeler que le but premier de cet outil destiné aux grand public, n'est pas de faire une mesure précise des impacts de consommation et de pollution, mais simplement d'en faire une estimation afin de sensibiliser à la préservation des ressources en eau. Aussi, il faut savoir que les manques présents dans la base de données H2O rendent, certes, la mesure imprécise, mais donne alors une estimation plutôt basse de nos impacts sur l'eau de la planète.

En quoi et pourquoi l'outil « Empreinte H2O » est-il destiné à évoluer ?

Les évolutions futures de l'outil « Empreinte H2O » peuvent être classées sous deux catégories. Pour la première, il s'agit de compléter la base de données, afin de donner plus de choix de réponses et donc d'alternative aux utilisateurs. On retrouve par exemple dans cette catégorie, l'apparition des fruits ou du poisson dans l'alimentation, l'apparition de nouveaux appareils électriques dans les équipements ou encore la prise en compte des déplacements des individus. Dans la deuxième catégorie, on retrouve plutôt ce qui concerne l'affinement de la mesure, avec par exemple la différenciation des impacts en fonction de la région dans laquelle habite l'utilisateur. Il y a aussi une possibilité de différencier les consommations d'eau de l'individu selon s'il s'agit d'eau dite bleue, verte ou grise (voir question « Comment sont mesurées les quantités d'eau consommées? »). Toutefois, ces diverses évolutions dépendront largement de la disponibilité de nouvelles bases de données, plus complètes, et plus précises.

Le but de l'outil est de sensibiliser le public aux impacts sur l'eau, que peut générer son mode de vie, mais aussi, de lui donner des pistes permettant de les réduire. En cela, plus la base de données sera complète, plus le questionnaire pourra proposer de réponses possibles. Cela permettra alors à chaque individu de s'identifier encore plus dans les choix de réponses, mais aussi de lui proposer plus d'alternatives permettant de réduire son empreinte H2O.

Par ailleurs, cela permettra d'affiner les estimations d'impacts, et de se rapprocher de plus en plus de la réalité. Aussi, chaque individu pourra voir l'affinement de son empreinte H2O grâce aux futures versions de l'outil.

Sur quoi se base mon Empreinte H2O ?

Qu'est-ce qui est pris en compte et qu'est-ce qui ne l'est pas ?

Consommation domicile

Les sources bibliographiques concernant l'utilisation de l'eau au quotidien sont nombreuses. En effet, aussi bien l'Ademe, les agences de l'eau, l'INSEE ou le CNRS ont publié et diffusé largement de l'information sur ce point.

D'après ces différentes sources, les différents postes retenus sont la toilette (douche, bain, lavabo), les WC, la lessive et la vaisselle et les loisirs. A noter que l'entretien du jardin et le ménage n'ont pas été pris en compte dans cette version et que la boisson se trouve dans la catégorie alimentation.

Alimentation

Certaines données étaient à la fois disponibles dans les bases ACV et WF. Certaines données sont construites d'après la bibliographie. Chaque donnée pourra être affinée grâce à la mise à disposition ou l'achat de bases de données plus récentes et complètes.

De nombreux projets d'ACV des filières agricoles françaises sont en cours mais leur temps de développement n'est pas compatible avec la durée de développement de la première version du projet « EmpreinteH2O ». Ainsi, plus d'aliments devraient être proposé dans les prochaines versions.

Par ailleurs, les alternatives proposées pour la catégorie alimentation sont : un mode de culture conventionnel ou alors biologique, mais aussi l'attention apportée à la provenance et la saison lors de l'achat des aliments.

Le textile

Le calcul des impacts est définit par le nombre d'articles, leur composition, et leur durée de vie. En ce qui concerne le lavage des textiles, un impact majeur pour ces produits, il est comptabilisé dans la catégorie « consommation d'eau au domicile ».

Les équipements

Les choix proposés pour cette première base de données sont limités à cause de la faible disponibilité des données ACV ou Water Footprint. Des contacts avec des laboratoires ont étés établis pour pallier à ces limites dans les futures versions de l'outil, et ainsi proposer plus d'équipements technologiques, tels que les téléphones portables, les baladeurs mp3...etc.

Les déplacements

L'Empreinte H2O intègrera dans ces prochaines versions la mesure des impacts liés aux déplacements (voiture, train, avion...). Toutefois, la non prise en compte de cet aspect dans la version actuelle de l'outil, n'est pas un manque essentiel. Cela peut sembler assez déroutant dans la mesure où on a l'habitude, avec le bilan carbone par exemple, de voir les impacts liés aux transports comme majoritaires, mais il s'avère que les impacts liés aux déplacements ne sont pas prépondérants dans l'Empreinte H2O d'un individu.

Les Déchets

Aucune élimination de déchets n'est prise en compte dans l'empreinte H2O. Ce manque important devrait être comblé dans les prochaines versions de l'outil. Aussi, il essentiel de rappeler que bien trier ses déchets favorise largement leur valorisation. On peut aussi valoriser soit même ses propres déchets organiques, ce qui permettra non seulement de remplacer les engrais chimiques du jardin, par un engrais naturel, le compost, mais aussi de réduire notablement les masses de déchets que devra transporter, puis éliminer la commune.

L'élimination de nos déchets est une activité très impactante pour l'environnement en général, il est donc essentiel de s'en préoccuper. Plus d'informations sur cette thématique, rendez-vous sur le site de l'ADEME

Que j'habite en métropole ou ailleurs, est-ce significatif ?

Cette première version de l'Empreinte H2O utilise principalement des données propres à la France métropolitaine. Aussi, la situation géographique d'un individu influe sur la mesure de son empreinte H2O. D'ailleurs ces différences d'impacts existent à l'échelle même du territoire métropolitain. En effet, selon le bassin versant dont dépend notre ville, mais aussi en fonction de notre région, nos impacts sur l'eau ne sont pas exactement identiques. Certaines régions regorgent de rivières, ou d'aquifères, lorsque d'autres sont beaucoup plus restreintes en terme de disponibilité de l'eau. Aussi, dans le cas où l'on habite en dehors de la métropole, les impacts générés sur l'eau seront alors eux aussi différents. Toutefois, l'Empreinte H2O est amenée à évoluer en ce sens grâce à de nouvelles bases de données, notamment celles du Water Footprint, qui détaillent les utilisations d'eau en fonction des régions.

Enfin, il faut garder à l'esprit que la mesure actuelle de l'Empreinte H2O d'un individu, reste une estimation et surtout un outil pédagogique permettant de sensibiliser à la protection de nos ressources en eaux.

Pourquoi je ne trouve pas tout ce qui correspond à mon mode de vie ?

Le questionnaire mis en place pour la mesure de l'empreinte H2O reprend les postes de consommations et de pollution de l'eau étant importants dans l'empreinte d'un individu. Cependant, l'outil est amené à être complété afin d'être de plus en plus précis dans les estimations réalisées.

Ainsi, certains produits et services de consommation courante ne sont pas encore intégrés à notre base de données, mais sont amenés à l'être. C'est par exemple le cas des fruits pour la catégorie alimentation et de nombreux appareils pour celle des équipements. C'est en fait la disponibilité des données (ACV ou Water Footprint) qui a fortement contraint la complétude de la BdD.

Aussi, il faut savoir, que les manques présents dans la base de données H2O, rendent la mesure imprécise, mais surtout donne une sous-estimation des impacts. En effet, si l'on ajoute des appareils électroniques, ou encore des déplacements en voiture, ou autre véhicule, les impacts totaux seraient, en toute logique, supérieurs.